Les négociations ont repris, mais aucun des deux parties n’attend de percée : c’est ainsi que la situation globale dans le conflit Chypre pourrait être résumée actuellement.
Les représentants des deux parties ont des vues très divergentes sur une sortie de l’impasse. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres souhaite désormais chercher une base commune sur laquelle reprendre les négociations pour la paix.
Quel est le principal concession en jeu dans le conflit chypriote ?
Comme c’est souvent le cas dans les conflits, celui de Chypre a des racines profondes dans le passé.
Pendant des décennies, le plus grand groupe démographique, les Chypriotes grecs, ont exprimé le désir de se réunir avec la Grèce. De nombreux Chypriotes turcs, un groupe qui s’était installé à Chypre pendant les siècles où l’île faisait partie de l’Empire ottoman, étaient sceptiques quant à cette idée.
Dans les années 1950, la situation sécuritaire sur l’île s’est détériorée. Après des négociations entre les Chypriotes, la Grande-Bretagne — la puissance coloniale de l’époque —, la Turquie et la Grèce, Chypre est devenue indépendante en 1960. Les trois autres pays sont devenus des puissances garantes. Jusqu’à aujourd’hui, la Grande-Bretagne exploite deux bases militaires sur l’île qui sont officiellement des territoires d’outre-mer britanniques.
En 1963, des massacres entre les deux ethnies sont restés dans l’histoire sous le nom de “Noël Sanglant”. À la suite de la violence, l’ONU a envoyé une force de maintien de la paix sur l’île qui reste stationnée même aujourd’hui.
En 1974, des Chypriotes grecs radicaux ont organisé un coup d’État contre le gouvernement dans le but de forcer la réunion avec la Grèce, qui était alors une dictature. La Turquie a envoyé son armée pour protéger les Chypriotes turcs et a envahi la moitié nord de l’île.
L’administration mise en place à travers le coup d’État est tombée du pouvoir dans la République de Chypre, mais la Turquie a conservé le contrôle au nord. C’est peu ou prou le territoire de la République turque de Chypre du Nord, qui s’est proclamée unilatéralement indépendante en 1983 mais n’a pas été reconnue en tant qu’État par la communauté internationale, à l’exception de la Turquie.
L’objectif national de la République de Chypre est de réunir l’île ; les représentants politiques des Chypriotes turcs, en revanche, défendent une solution en deux États.
Depuis mai 2004, la République de Chypre est membre de l’Union européenne. Selon le droit international, cela vaut pour toute l’île — mais le gouvernement ne peut toujours pas appliquer le droit européen dans le nord même 20 ans plus tard.
Quelles propositions de paix ont été faites, et pourquoi ont-elles échoué ?
L’ONU a eu des troupes de maintien de la paix stationnés à Chypre depuis plus de 60 ans. En partie en raison des coûts élevés de l’opération, il s’est toujours engagé activement en tant que médiateur dans le conflit.
En 2004, juste avant que le sud n’adhère à l’UE, une solution semblait être très proche. Le secrétaire général de l’ONU à l’époque, Kofi Annan, avait proposé une fédération dans laquelle les deux États membres conserveraient une étendue considérable d’autonomie, mais qui était représentée à l’étranger par un gouvernement conjoint. Dans un référendum, une majorité était en faveur du plan au nord, mais dans le sud, les non-votes l’emportaient.
Depuis lors, des négociations ont eu lieu sous divers formats et conditions. En 2017, Guterres, alors nouvellement à la tête du poste de secrétaire général de l’ONU, a dû annoncer l’échec des négociations dans la commune suisse de Crans-Montana. Un point de discorde était la demande que les quelque 35 000 soldats turcs encore stationnés là soient retirés. La Turquie, la Grèce, ainsi que les deux délégations chypriotes ont chacune accusé l’autre parti de la responsabilité de l’échec des négociations officielles.
Quel était le point de départ des négociations actuelles ?
En 2021, Guterres avait déjà invité les deux parties à Genève pour des négociations informelles afin de voir si une base commune pour des négociations officielles pouvait être trouvée. À l’époque, ce n’était pas le cas.
Maintenant, Guterres a lancé une nouvelle tentative. Le président de la République de Chypre, Niko Christodoulides, et le représentant du nord de Chypre, Ersin Tatar, étaient rejoints à la table de négociation par les puissances garantes, la Grèce, la Turquie et la Grande-Bretagne.
“La réunion informelle offrira une opportunité de discuter de manière significative sur la suite à donner”,
a déclaré un porte-parole de l’ONU avant la réunion, rapportée par l’agence de presse AFP.
Christodoulides a déclaré avant les négociations que l’objectif était de reprendre les négociations officielles. Tatar s’est prononcé en faveur d’une intensification de la coopération entre les deux parties — tout en soulignant l’indépendance des Chypriotes turcs.
Comme prévu, après la réunion “constructive”, Guterres n’a pu annoncer de grande percée.
Cependant, une autre ronde de négociations a été convenue pour fin juillet.
Cet article a été adapté de l’allemand.
Source: https://www.dw.com/en/cyprus-conflict-will-fresh-talks-bring-a-resolution/a-71965732?maca=en-rss-en-all-1573-rdf